Une 3ème guerre mondiale évitée ?

Article : Une 3ème guerre mondiale évitée ?
Crédit:
1 décembre 2013

Une 3ème guerre mondiale évitée ?

Dix ans se sont écoulés depuis que le programme nucléaire de l’Iran réveilla la folie meurtrière et hégémonique des diverses puissances. Vingt-et-unième puissance économique mondiale, deuxième producteur mondiale du pétrole, l’Iran de par sa position géographique et stratégique dans le Moyen Orient menace les intérêts de plusieurs puissances. Son programme nucléaire était un moyen de faire face à la montée de ses ennemis puissants dans la zone et hors de la région persique. Suite à l’accord « historique » conclu sur le nucléaire à Genève le dimanche 24 novembre dernier, il serait intéressant d’analyser les forces et alliances en présence, les enjeux de différentes puissances dans cette zone immensément riche en hydrocarbures.

L’Iran, une puissance « belliqueuse »

Le dernier usage de la bombe atomique lors des frappes de Huroshima et Nagazaki et l’équilibre des puissances pendant la guerre froide dû à l’acquisition par les deux parties russe et américaine des bombes nucléaires ont conduit à créer en 1957 sous l’égide des Nations Unies une Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) qui aura pour rôle de favoriser et d’encourager l’utilisation pacifique de l’énergie atomique dans le monde. Il faudrait lutter en faveur d’ « atomes pour la paix » en d’autres termes il s’agit de travailler sur l’uranium pour produire l’énergie électrique plutôt que l’arme nucléaire.

 

L’Iran bien qu’ayant ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 1970, donne du fil à retordre à l’AIEA pour la conduite d’inspections de ses centres nucléaires. En effet, depuis la mission américaine en 1978, la guerre Iran-Irak en 1980, l’Iran cherche à renforcer sa position militaire dans la zone. Il faut rappeler qu’elle est à majorité chiite et qu’elle est en perpétuelle tension avec ses voisins sunnites comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie. L’Iran est aussi le principal allié du Hamas palestinien en lutte contre Israël. L’Iran procure au Hamas des combattants du Hezbollah, un appui financier et politique. En déclarant ouvertement la destruction d’Israël, l’Iran a déclaré en quelque sorte la guerre et cherche à renforcer son bouclier militaire à travers le programme nucléaire. Ce programme nucléaire soutenu à l’origine par les USA (1950- 1960) pendant la guerre froide constitue de nos jours un bâton dans les roues pour l’hégémonie de l’axe israëlo-américain. L’Iran avait soutenu que son projet nucléaire était dirigé à des fins pacifiques en vue de fournir plus d’énergie aux villes iranienne, de libérer les ressources pétrolières et de booster l’économie. Mais la difficulté de contrôle des centrifugeuses iraniennes et leur dissimulation dans des refuges souterrains va entrainer une vague de contestation contre le programme nucléaire de l’Iran en 2002. Des sanctions économiques, des embargos sur le pétrole vont s’abattre sur l’Iran afin de l’affaiblir économiquement et de diminuer l’enrichissement de l’uranium.

L’Iran a l’intention sans doute  la volonté de posséder l’arme atomique comme son ennemi 1er Israël malgré le Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires. Tandis que les pays détenteurs de l’arme atomique comme la Russie, les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, la Chine, la Russie sont autorisés à entretenir ou moderniser l’arsenal automatique, les autres pays non signataires comme le Pakistan, Israël, Corée du Nord mènent des recherches classées « secret défense » pour entretenir ou moderniser l’arsenal automatique. Cela semble dire que la possibilité de continuer des recherches en armes nucléaires dépendra du parrain possible qui te supporte, tout étant question de la réalité des relations internationales : les plus forts font office de loi et gouvernent les plus faibles. C’est suivant ce principe que l’Iran modernise sa puissance nucléaire afin de faire face à toute invasion israelo-américaine ou de faire entendre sa voix dans le Moyen-Orient. Cette puissance nucléaire lui permettra de diversifier ses sources énergétiques, de développer la capacité de l’industrie pétrolière. Pour les occidentaux, enrichir l’uranium pour des « utilisations pacifiques » n’est que la face apparente d’un grand projet nucléaire américain à usage militaire nationale.

« Les 5 +1 » ou la Nouvelle alliance du Conseil de Sécurité.

Il a été suivi ces derniers mois la scission politique et le blocage diplomatique américano-français et russo-chinois sur la question syrienne. Il serait aussi d’un grand intérêt de souligner combien la Russie est l’un des partenaires fidèles des grands pays pétroliers de cette zone. L’accord sur le nucléaire iranien signé le dimanche 24 novembre dénote la capacité de dissuasion des Occidentaux. Il a été obtenu que l’Iran continue à enrichir son uranium à moins de 5% et qu’une « joint commission » soit mise en place pour inspecter les centres nucléaires iraniens. Bien que cet accord traduit plus une stratégie de domination sur un pays anti-occidental qu’une manière de juguler la prolifération de l’arme nucléaire, il est important de souligner combien les puissances européennes useront de tous les moyens possibles pour affaiblir ses ennemis. Ces accords ont amené les USA à adopter une politique plus diplomatique que belliqueuse afin de faire de l’Iran un de leurs alliés dans la région. Les USA, soutenus par Israël qui dès l’abord voulait envoyer des frappes sur l’Iran, ont changé leur diplomatie de punition en un rapprochement stratégique. Pour les USA, un Iran plus modéré peut contribuer à jouer un rôle positif dans la région. L’Iran a en effet son mot à dire dans la guerre en Syrie, en Irak et en Afghanistan. Dans cet accord conclu, les Américains annoncent de manière sous-entendue la reprise des relations diplomatiques entre l’Iran et les USA et même un possible retour de leurs entreprises sur le marché iranien.

Quant à la France, elle avait une position très radicale sur le programme nucléaire iranien. Elle voulait une vraie diminution de l’enrichissement de l’uranium iranien qui permettrait de concilier les critiques du Congrès américain et limiter les capacités de nuisance d’Israël. La France cherchait à mettre un terme au nucléaire militaire iranien et à opérer la distinction entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire. Mais c’est avant tout la naissance d’un « général-diplomate » François Hollande qui ressort de cet accord influencé par la France.

 

Israël et Arabie Saoudite, ces perdants

Une chose à retenir dans cette région du Moyen-Orient, c’est la capacité pour deux « ennemis » de s’allier pour combattre un « ennemi commun ». On dirait qu’avec l’accord de Genève sur le nucléaire iranien, l’Arabie Saoudite risque de perdre une partie de sa puissance dans la zone d’autant plus que la levée de certaines sanctions économiques va permettre à l’Iran de le rattraper économiquement. Il faut signaler que l’Arabie Saoudite à majorité sunnite et wahhabite cherche à établir au Moyen-Orient un axe sunnite pour contrer l’avancée du chiisme iranien. L’Iran demeure encore le géant qui seul peut opposer une résistance à l’Arabie Saoudite. De plus, avec cet accord, l’Arabie Saoudite semble perdre le privilège de principal allié et filleul des USA.

Quand à Israël, la tension est vive. Benjamin Netanyahou a crié au scandale, à une erreur historique parce qu’Israël est le premier Etat qui risque d’en pâtir devant une puissance nucléaire comme l’Iran. De plus, les relations Israël- Etats Unis n’arrangent plus les choses d’autant plus qu’Israël maintient un avis radical sur le programme nucléaire iranien. Le gouvernement de Obama prône des voies pacifiques à la résolution de la crise palestinienne alors qu’Israël complique les discussions en exécutant des projets de constructions sur les terres palestiniennes. Actuellement le ton dur qui existe entre ces deux alliés entraine une radicalisation de la position belliqueuse d’Israël dans la zone et même une non-reconnaissance de cet accord. C’est dire combien l’obtention de cet accord a créé plutôt un grand perdant Israël qui a la réelle intention de faire capoter coûte que coûte le programme nucléaire iranien à cause de sa forte stratégie militaire dans la zone.

Après avoir fait taire l’Iran, c’est au tour de la Corée du Nord d’être sous le courroux des grandes puissances. C’est la preuve que les grands frères font la loi et donnent les armes à ceux qui luttent pour eux plutôt qu’à ceux qui veulent être comme eux.

AP/ Richard Adrew
AP/ Richard Adrew
Étiquettes
Partagez

Commentaires