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Au cœur de l'Afrique
Article : Les élections 2016 en Afrique : entre heurts et essors
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25 avril 2016

Les élections 2016 en Afrique : entre heurts et essors

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Plus d’un demi-siècle nous sépare du discours tant historique et équivoque de la Baule de François Mitterand en Juin 1990. Ce discours sonnait le glas du parti unique et de la pérennité au pouvoir laissant l’espoir d’un renouveau démocratique. La chute de Blaise Compaoré en octobre 2014 suivi des élections responsables de novembre 2015, l’alternance au Nigéria en mars 2015, et dernièrement au Bénin en mars 2016 constituent des exemples patents d’une Afrique en mouvement. Notre propos ressortira de façon globale les traits caractéristiques de la comédie électorale 2015-2016 dans la plupart des pays africains et les points saillants qui ont posé le jalon d’un nouveau départ démocratique.

  1. La comédie électorale

La succession des élections des élections depuis l’année passée semble donner place aux arguments souvent désapprobateurs de mascarade électorale ou de « plaisanterie démocratique ». Pour nous, l’image d’une sauce concoctée avec divers ingrédients constitue la parfaite image des élections en Afrique. Les ingrédients peuvent être mesurées en grande ou petite quantité selon les pays mais la couleur externe de la sauce reste la même.

  • Dissensions de l’opposition

Un fait marquant de la période électorale est le réveil des partis politiques de leur sommeil dogmatique. En effet, c’est en Mai 2014, moins d’un an avant les élections présidentielles que l’opposition accepte de reprendre le dialogue politique avec le pouvoir pour des réformes politiques. Il en résulte une inertie politique voire un pullulement des partis politiques. L’élection présidentielle devient comme la crotte qui accueille la horde de mouches à l’assaut de leur substance. Pour des populations allant de 5 à 22 millions, on dénombre 14 à 28 candidatures. En tête du classement de IMANI Francophone, on trouve la Guinée Conakry avec 24 candidats sur un total de 124 partis politiques, le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire , le Tchad avec 14 candidats à la course présidentielle.

De plus, on note dans cette comédie électorale, l’union et les fissions politiques qui se forment au gré des intérêts personnels et du désir d’alternance. Au Niger, le 27 Janvier dernier fut créé la COPA 2016 ( Copa 2016) réunissant 5 candidats de l’opposition décidés à gagner le second tour face au prédident Mahamadou Issoufou, le CAP 2015 pour l’alternance au Togo, et au Bénin, des coalitions d’hier qui vilipendaient la candidature de Lionel Zinsou change brusquement de ton. Cela démontre du manque de stratégie de l’opposition qui est souvent divisés par des intérêts particuliers. Dans nombre des pays de la sous-régions, « les partis politiques sont passés maîtres dans l’organisation de véritables calembours déguisés en alliances politiques, qui se font et se défont au gré des enjeux électoraux[1]. »

  • Réformes politiques avortées

Nombre de réformes déclenchées pour la transparence des élections n’ont pas été réalisés. Que ce soient les réformes constitutionnelles sur la limitation des mandats, le nombre de tours des élections ou les réformes institutionnelles des commissions électorales ou de l’audit du fichier électoral ont constitués de promesses vaines. Les exemples sont pluriels : l’adoption forcée d’une nouvelle constitution au Congo en faisant sauter les verrous de limitation d’âge et du nombre de mandats, les tentatives de Joseph Kabila pour demander un recensement électoral afin de briguer un troisième mandat, la mise à jour des listes électorales en Gambie en vue de purger l’arène politique des opposants trop zélés. En un mot, les réformes politiques sont mises en branle pour démarrer la machine de l’éternisation au pouvoir.

  • Une société civile faible

Au Togo dénommé CST (Collectif Sauvons le Togo), au Tchad avec le collectif Trop c’est trop ; l’Union des syndicats du Tchad, et au Burundi, la société civile cherche à dénoncer les difficiles conditions de vie sociale des populations. Entre « ville morte » et appels à boycotter les élections, les manifestations créent parfois des destructions de biens publics. La population n’arrive pas à discerner la différence entre leurs actions et celles des partis politiques. Cette confusion sur la scène politique porte atteinte à la démocratie et à l’efficacité des contestations.

  • Droits et libertés fondamentales bafoués

La violence politique est l’un des caractéristiques marquant du paysage électorale. Le Burundi actuel, les émeutes et attaques sporadives au Congo, l’emprisonnement des opposants en Gambie et les répressions militaires au Djibouti en sont les preuves. La presse est muselée par le pouvoir et le contrôle des réseaux sociaux et même la suspension de diffusion des télévisions internationales illustrent la crispation politique, la peur et le désir de contrôle du contre-pouvoir. Les leaders de la société civile arrêtés au Tchad, le retour difficile d’exil de Bénoît Koukébéné, vice-président de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale constituent des entorses à la démocratie.

  • Le régionalisme

Les découpages ethniques ont une incidence sur les élections dans la plupart des pays africains. Certains présidents instrumentalisent la question ethnique pour conserver le pouvoir et les partis politiques de l’opposition aussi ont leur fief de popularité. Cette donne de région ou ethnie d’appartenance fausse la marche des pays comme la Guinée Conakry, le Togo, le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Mali vers l’alternance démocratique. Le régionalisme, l’ethnocentrisme et les haines nourries entre groupes ethniques ne rendent pas la tâche facile à l’alternance politique et à la responsabilité des citoyens.

  1. L’élan démocratique au Bénin, Burkina Faso

Les traits convergents qui caractérisent la marche démocratique au Bénin, Burkina Faso, Nigéria est sans doute la volonté du peuple de rompre avec le système existant jusqu’alors. Au Bénin, le peuple a mûri une responsabilité politique et est sorti exprimer ses suffrages contre le candidat Lionel Zinsou, à tort ou à raison surnommé le candidat de la France. Dans la sous-région ouest africaine, à part le Sénégal, le Bénin jouit d’une stabilité politique, en témoignent les élections apaisées et transparentes, donnant la place au débat politique. C’est l’insistance de la rue qui a forcé Blaise Compaoré à lâcher le pouvoir. Les jeunes, la société civile burkinabé (le balai citoyen) ont porté le flambeau de la contestation de la rue et lutter pour que les politiques respectent la constitution. Les images des burkinabè balayant les rues, nettoyant les lieux publics après les contestations est un message fort de la participation citoyenne. Les biens publics doivent être respectés et en aucun cas détruit pour servir quelconque intérêt d’alternance démocratique. Le référendum dernier au Sénégal pour la réduction de la durée du mandat à 5 ans est l’expression d’une intériorisation du fonctionnement des règles de la démocratie.

 

En définitive, un leadership politique responsable est le résultat d’une plaidoirie du peuple. Mais qui est ce peuple ? Ce sont les hommes et femmes éduqués et aguerris à la chose politique, c’est le citoyen lambda qui participe activement à la vie de la cité et s’intéresse à l’application des textes fondateurs, c’est la société civile responsable, ce sont enfin les partis d’opposition impliqués dans des politiques de développement. Seule l’éducation politique peut sauver les élections en Afrique.

 

AMEGBLE Jean Della Strada,sj

[1] Alan Akakpo et Mahamadou Camara, « CLASSEMENT : LA COMÉDIE DE LA DÉMOCRATIE EN AFRIQUE FRANCOPHONE » in www.imanifrancophone.org

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Article : Une enfance escamotée par « Dieu »
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8 août 2015

Une enfance escamotée par « Dieu »

credit lapresse.ca
Crédit lapresse.ca

Ce beau jour ensoleillé sur le chemin du retour de l’école, Aya sifflotait joyeusement, tenant le bras de son grand frère âgé d’une dizaine d’années de plus qu’elle. Dans ce coin reculé de la terre camerounaise, on se connaissait tous. On vivait de l’agriculture et quelquefois de la chasse, mais les animaux devenaient rares, ou plutôt les hommes devenaient les animaux à chasser. D’une façon soudaine, on entend des cris qui peuvent vous acérer la poitrine. Ce n’est pas l’annonce d’un mariage, c’est la réaction du cœur d’une femme qui vient d’assister en réalité, à la liquidation de son mari qui tombe raide, mort. Celui-ci vient d’être décapité sous ses yeux par des hommes mi- cagoulés, en uniforme de militaires. Ce sont en effet les énergumènes de « l’armée d’Allah », le fameux Boko Haram. Ce cri n’est que le début d’une longue litanie de cris vociférant çà et là dans tout ce petit village. En un claquement des mains, les tentes se mettent à brûler, les hommes qui veulent résister abattus froidement. Les enfants sont regroupés ensemble et avant qu’ils ne se rendent compte de quelque chose, on les force à marcher et entrer dans la camionnette. Aya fait partie de ce groupe ; après un temps incalculable où le cœur bat la chamade et sert d’aiguille de montre, les hommes menaçants, agressifs les font descendre dans la forêt escarpée de Sambisa (faisant frontière entre le Cameroun et le lac Tchad) véritable labyrinthe composé de centaines d’îlots.

Les vrais dommages collatéraux

Comme toute histoire tragique, il est plus facile de raconter que de vivre le ou les moments sombres. Les raids de Boko Haram se font de plus en plus menaçants dans toute cette région nommée la région du bassin du Lac Tchad regroupant le Cameroun, le Tchad, le Niger, le Nigeria et la République centrafricaine. Cette région frontalière devient de plus en plus poreuse et facile à pénétrer. Les éléments de Boko Haram profitent pour contrôler les villages le long des côtes par des attaques sporadiques.

La terreur généralisée, la panique des coeurs

Bien que l’Etat camerounais ait pris des mesures pour freiner l’avancée du djihadisme sur ces terres, et que le BIR (la Brigade d’intervention rapide) ait une réputation très efficace dans le pays, il semble difficile d’endiguer la panique qui se répand dans le cœur des populations. Cette semaine encore, mardi matin, le village de Tchakarmari a été visé par des militants de Boko Haram. Ce village se situe au nord de la ville de Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord. Au total huit personnes tuées et une centaine d’autres enlevées servant à la fois de bouclier humain et de renflouement des troupes. Le plus grand dommage collatéral de cette guerre dite non conventionnelle est le dégât psychologique des populations non seulement camerounaises, mais aussi nigérianes, tchadiennes. Consacrer la terreur comme liturgie de la guerre et utiliser des enfants, et surtout les filles comme armes de guerre. Le sens du « kamikaze japonais » perd son sens. Maintenant, du plus fragile sort la plus grande terreur et horreur, de la plus innocente chair sort des éclats de tonnerre. Que de paniques suscitées non seulement par des bombes qui explosent en tout lieu et en tout temps. Même les bases militaires sont attaquées (cf la base militaire camerounaise de Kolofata qui commençait à servir comme base militaire de la force multinationale des pays de la région). Le Cameroun et le Tchad considérés longtemps comme une zone plus ou moins sécurisée deviennent de plus en plus une zone grise. La tâche est plus ardue maintenant que la nébuleuse islamiste peut se procurer des effectifs en hommes et surtout femmes dans au moins trois pays ( Nigeria, Cameroun, Tchad). Cette capacité à transformer une personne inoffensive (femmes, enfants) en armes redoutables est le plus grand dommage collatéral causé à cette partie de l’Afrique. En plus, ayant déjà souffert de plusieurs revers, Boko Haram mise plus sur la frappe asymétrique c’est-à-dire des attaques rapides, à la bombe et incursions au même moment, mais en plusieurs endroits différents au cœur du pays. C’est ce que l’on appelle une nébuleuse, ou un dragon à plusieurs têtes. Cela crée la psychose généralisée. Au sein des populations, il existe nombre de sympathisants de Boko Haram qui infiltrent la ville et fournissent des renseignements à leurs chefs. Boko Haram a à la fois un visage et un fantôme. Dans les mosquées, les imams ont peur d’aborder la question par peur de représailles. Les parents aisés envoient leurs enfants dans les villes plus sécurisées. L’incapacité d’identifier son adversaire augmente la panique dans la zone, que ce soit au Tchad, au Nigeria, au Cameroun. Selon le reportage de Africatime, « Nous ne savons plus qui est qui. J’ai peur quand je marche, j’ai peur qu’il ne se passe quelque chose, qu’une bombe explose et qu’elle me tue. » Cette phrase illustre si bien la terreur, la peur sans objet que génère Boko Haram. C’est le plus important et grand dommage collatéral.

Un terrain déjà miné, une zone grise

Le second dommage collatéral des attaques de Boko Haram est en effet le changement de la nature de cette zone frontalière. Le bassin du lac Tchad est bel et bien miné, même après 10 ans, on continuera d’entendre les mines explosées dans cette région. En effet, le timing du réveil des dirigeants de la région a été long, lourd et pesant. On pensait que Boko Haram n’était qu’une affaire nationale et qu’elle ne susciterait pas de problèmes à toute la région. Fallait ne pas compter sur nos experts en sécurité et stratégie des gouvernements des pays limitrophes. Après l’ère Goodluck Jonathan, on essaie de se mobiliser plus rapidement. Mais la veine est déjà coupée, les traditions déjà ancrées dans les mœurs. C’est la tradition de la violence, du conflit. La violence qui mine cette région subsaharienne doit être considérée d’un point de vue global avec le conflit malien qui se perpétue à l’ouest, et le phénomène Boko Haram à l’est, les shebab au nord-est. Considérant cette zone large, il semble de plus en plus que la gangrène islamiste bouffe le continent de l’intérieur vers les côtes. L’intérieur est-il le maillon le plus faible ? Non, mais les circonstances permettent à ce que la secte se radicalise et crée la zone grise : la guerre civile en Libye qui continue d’être contrôlée par des groupuscules armés, l’Algérie au bord d’un ras-le-bol sociopolitique dû à une éternisation d’un président malade au pouvoir. Boko Haram n’est que le signe patent d’un no man’s land, un désert où la raison du plus fort est la meilleure.

Quelle lutte contre quel combattant de Boko Haram ?

La vraie contradiction au cœur de cette lutte contre Boko Haram est en effet la nature de ces combattants. Des mesures sont prises de tous les côtés pour lutter contre la nébuleuse : partenariat avec les chefs locaux, traditionnels, et les leaders religieux, contrôle des prêches dans les mosquées, interdiction de circulation des engins à deux roues à partir de 18 heures, association du Concile des imams et Dignitaires musulmans du Cameroun (CIDIMUC) pour éduquer les citoyens sur les dangers du radicalisme religieux et de la violence extrémiste, promotion de la tolérance religieuse, renforcement du partenariat avec les Etats-Unis et la France au sein du Partenariat transsaharien du contre-terrorisme, création de la Force multinationale conjointe (MNJFT), renforcement de la loi contre le terrorisme, raids et nettoyage de la région du lac Tchad, création du G5 dans le Sahel (Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mali). Pour les mesures prises, elles semblent plus ou moins porter leurs fruits, mais elles ne s’accentuent pas sur les femmes et les enfants. En effet, le plus grand pourcentage de l’armée de Boko Haram est constitué de femmes et d’enfants. On ne doit en aucun cas oublier que le terrorisme est avant tout une guerre psychologique. Plusieurs mesures sont prises pour maîtriser la zone grise et repousser les assaillants, les éliminer ou les arrêter, mais la partie psychologique est négligée. Le plus grand dommage collatéral qu’est la terreur ou la psychose doit être traité. C’est à ce seul prix que les populations comprendront que la guerre contre Boko Haram est une guerre de tous.

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Article : La fièvre électorale au Togo : entre marches de propagande et marches de protestation partie 1
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16 avril 2015

La fièvre électorale au Togo : entre marches de propagande et marches de protestation partie 1

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Plus que dix jours avant que certains Togolais braves et courageux cherchant à espérer contre toute espérance s’aligneront en file indienne pour désigner leur futur président. Dans l’immédiat, le spectacle est désolant : plusieurs camps s’affrontent. Entre coups de pierres et gaz lacrymogènes lancés de part et d’autre, on constate que l’habitude préélectorale au Togo est une seconde nature. Dans cette première partie de notre exposé, nous analyserons la vacuité de sens que revêt une campagne électorale lorsqu’elle est saquée par des grèves contigües. Ce rapprochement adjacent entre deux contraires (grève / élection) est le manifeste d’une blessure plus profonde de la vie sociale et économique du Togo. Une analyse du bilan du président sortant servira de plateforme pour la réflexion.

Quel bilan après 5 ans continue de règne ?

Il suffit de « googler » Togo et l’on se rend compte que les 5 candidats à la course présidentielle n’arborent pas les mêmes tactiques de propagande électorale. Le président sortant Faure Gnassingbé a mis au point un site web permettant aux chercheurs de mieux analyser le bilan de son mandat. Plusieurs secteurs sont mis à point : la réduction de la pauvreté, la moralisation de la vie publique, la réconciliation nationale, la paix civile et la sécurité, la cohésion sociale, la modernisation des infrastructures, le capital humain, etc.

Il semble au premier abord que le bilan que le site dresse prend pour base les objectifs Millénaires pour le Développement (OMD). Ces objectifs sont entre autres réduire l’extrême pauvreté, assurer à tous l’éducation primaire, réduire la mortalité infantile, combattre les maladies. La similitude qui ressort de ces objectifs et du bilan que pose Faure Gnassingbé apparait aux premières lignes : la généralité, fluctuation incertaine, la vacillation sans aucune base posée. Par exemple, au niveau de l’amélioration des conditions et du cadre de vie, on nous fait était dans le milieu urbain de «  l’augmentation du nombre des abonnés, de la production et de la distribution d’eau dans la ville de Lomé) sans faire mention du nombre d’abonnés qui se sont joints à la communauté urbaine en manque d’eau. Interroger le vécu pratique des citoyens de Lomé et vous saurez que beaucoup de ménages dans les zones comme Baguida, Bè, et même Agoè souffrent de coupures d’eau. De plus on nous fait état des très beaux chiffres sans nous donner de règle d’évaluation. En d’autres termes on nous fait état de « 1800 infrastructures socio communautaires et économiques mis en place (marchés et infrastructures de marchés, bâtiments scolaires, USP, forages, piste rurales), 127 plateformes multifonctionnelles installées[1] » sans nous dire combien de couches et catégories vulnérables ont été recensées au Togo.

Quant au développement des NTIC (les Nouvelles Technologies de l’information et de la communication), on fait état d’une augmentation des abonnés au réseau mobile à raison de 91% ( 4 millions et plus d’abonnés). Est-ce à dire que sur les 7 millions de togolais plus de la moitié n’étaient pas abonnés au réseau mobile entre 2010 et 2014 ? Une chose est sûre, il n’est pas expliqué d’où provient le pourcentage des 91% mentionnés. Le second constat de ce domaine de la communication est que durant des mois de l’année 2013, un seul réseau fonctionnait au Togo, entrainant non seulement des perturbations fréquentes mais aussi une fragilisation du secteur de la communication. Le domaine de la téléphonie au Togo a été toujours un problème sans cesse remis sur la table, sans solution concrète trouvée. Il semble que le marché des télécommunications semble plus que fermé à l’arrivée d’une concurrence. Et sans concurrence, comment les populations à faible pouvoir d’achat peuvent t- ils s’offrir le monopole d’être connecté sur le monde ? Le paradoxe, c’est que c’est pendant la période des élections que la communication téléphonique devient de plus en plus compliquée, un réseau de plus en plus lourd à exploiter aisément. La communication au Togo devient un luxe que peu de gens cherchent à s’offrir d’autant plus que le débit de connexion laisse à désirer, impactant à la fois sur l’éducation, le réseau banquier, la sécurité, les élections..

In fine, on ne peut dresser un bilan de cinq ans de mandat sans nous signaler le bilan financier de ce mandat. D’importants fonds ont été alloués pour les infrastructures routières, l’économie, l’éducation. Ce ne sont pas les fonds propres de la caisse togolaise, ce sont les multiples contrats qui ont été signés avec l’Union Européenne, les aides et investissements extérieurs, au total 1.100 millions de dollars US entre l’année 2007 et 2011[2].

L’harmonie des contraires : des grèves aux élections

Depuis deux mois, ou plutôt depuis quelques années, les rues togolaises sont souvent battues par les citoyens réclamant soit le départ du Président (Mouvement Collectif Sauvons le Togo) ou soit la révision du salaire Minimum Inter-Garanti. Deux mois avant les élections, la rue s’est encore emplie de citoyens surtout les fonctionnaires des secteurs clés de l’éducation et des hôpitaux réclamant une amélioration de leurs conditions de vie. Les syndicats de l’éducation ont depuis fort longtemps soumis aux autorités une liste de revendications à savoir la revalorisation des salaires de tous les agents, dans le respect des grades de chacun, la mise en place des mesures d’accompagnement pour rehausser leur faible pouvoir d’achat. Suite à des marches de protestations, des bras de fer ayant conduit à des blessés dans certaines villes du pays, le gouvernement a décrété une fermeture des écoles primaires et secondaires sur toute l’étendue du territoire jusqu’au 04 Mai 2015. Les négociations avec le gouvernement sont toujours en cours et ces grèves ont entrainé une paralysie du système sanitaire étant donné que les médecins ou infirmiers ont décidé de ne point s’occuper des malades jusqu’à un changement de la situation.

Pour nous, de tels évènements ne sont point une coïncidence, ils ne révèlent que la parfaite harmonie des contraires qui entourent les élections en Afrique et plus particulièrement au Togo. Il va de soi qu’élections et manifestations, campagnes et grèves soient diamétralement opposées et ne facilitent en aucun cas un bilan positif du mandat présidentiel écoulé. Ces différents grèves montre combien de fois le social peine à prendre son élan depuis plus d’une dizaine d’années. L’éducation et la santé, secteurs régaliens de l’Etat souffrent d’inamovibilité. Le tort de cette inactivité ne peut être rejeté sur une seule personne, il incombe à tous ceux qui sont en charge de ces secteurs. Le développement du Togo ne peut donc occulter la nécessité d’une dynamisation des secteurs et d’une évaluation rigoureuse, critique et efficace. Le temps n’est point au changement d’un homme, le temps est au changement de nos visions, de la manière de faire et de juger. On ne peut juger sans exiger la connaissance du vrai, du bilan positif et du bilan négatif.

L’essentiel pour nous est aussi de ressortir les failles au niveau des populations elles-mêmes qui se laissent aveugler et entrainer par le miroitement d’un bilan positif mais aussi se laissent dorloter et exploiter par une opposition sans repères ni projets concrets pour le futur. Le prochain article nous aidera à mieux comprendre que l’opposition togolaise peine aussi à marcher avec ses pieds d’argile, ses pensées diffuses et son cœur confus.

[1] https://www.tousfaure.com/htdocs/temps-faure/

[2] Cf Rapport final provisoire révisé, évaluation de la coopération de l’Union européenne avec la République Togolaise 2007- 2013.

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Article : Je suis l’Afrique perdue, Je suis mon propre échec, mon propre avenir
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13 janvier 2015

Je suis l’Afrique perdue, Je suis mon propre échec, mon propre avenir

montage Jean
montage Jean

#JE NE SUIS NI A, NI B, NI C…

Loin de moi de continuer à faire une prose tant ma douleur est grande,

Aux sons de mes larmes et de mon écœurement sanglotant, JE SUIS MORT,

Je suis celui qui n’a point de visage mais qui pleure, celui qui n’a point de bouche mais qui crie,

Celui qui n’a point de bras mais qui brandit un drapeau qui n’est pas le mien,

Je suis celui qui n’a point de pieds mais qui marche sur une route étrangère.

Qu’est-ce que l’on n’a jamais vu ? Entendu ? Plagié dans cette Afrique perdue ?

Je suis celui qui aime nettoyer la maison des autres oubliant ma propre maison,

Je suis celui qui prend le nom d’un « autre » en oubliant mon propre nom,

Qui valorise le nom et l’identité de l’autre parce que depuis fort longtemps

Mon nom a été le nom d’un autre, mon identité est un emprunt,

Je suis la bulle vide qui se remplit de tout ce qui l’entoure, qui sert sans se servir lui-même,

 

Et voilà que nous saisissant comme un effroi et une chose extraordinaire qu’est la mort,

On nous livre en trois ou quatre jours des ras-le-bol des peuples « avancés »,

Oubliant les milliers d’enfants, de femmes et d’hommes qui tapissent sur les grandes routes nigérianes,

Quel paradoxe !!! tandis que d’autres marchent sur une route libre avec d’autres vivants,

D’autres ne marchent pas, ils sont étendus sans vie dans une moite froideur comme dans un abattoir,

Quelle liberté « d’expression » qui nous mène à privilégier le ridicule, le sarcasme, la provocation,

Quelle liberté qui tend à donner plus de priorité à des morts plutôt qu’à d’autres,

Quelle plume, quelle liberté pour encenser une certaine expression qui n’est plus qu’une impression,

Quelle liberté qui semble être liberticide et privilégie l’amour au lieu de la haine,

Quelle liberté qui est lent à comprendre que d’autres aussi puissent s’exprimer librement par les armes,

Quelle liberté qui tend à poignarder avec une plume et à attendre une certaine tolérance…

Quelle liberté, si cette liberté tend à désunir plutôt qu’à unir, à détruire plutôt qu’à construire,

Quelle liberté d’expression si on attend des autres une certaine attitude de tolérance,

Quelle attitude de tolérance si on ne cherche pas à panser la plaie mais à la huer,

La mort dans l’âme, je me rends encore plus compte que tous les morts n’ont pas la même dignité,

Que mon Afrique continue d’être la coquille sombre, noire qui est sans repères,

Je suis une Afrique sans identité, à la recherche d’une autre identité qui m’est refusée mais empruntée,

JE SUIS UN MOI QUI IGNORE QU’IL PEUT FAIRE SON « JE » ET GAGNER LA BATAILLE DE L’IDENTITE.

 

 

 

 

 

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07. nov.
2014
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Leur Dieu est leur ventre

 

via aljazeera.com
via aljazeera.com
ebola-virus-in-india
via pathogenperspectives.com

Communément appelé mortels, les hommes dirait-on sont à l’affût de la satisfaction et l’assouvissement des besoins primaires. Les idéaux de paix, d’amour, de liberté, de démocratie bien qu’ils occupent le sommet de la pyramide (de Maslow bien sûr) semble être un horizon voilé à peine atteint. Après avoir scruté tant le ciel à me demander pourquoi les hommes réfléchissent, développent les villes, cherchent à se protéger de la chaleur et du froid, j’ai compris comment toute la tête est mise à contribution pour assurer une place assise voir un royaume pour le reste du corps.

En tant que politologue, la situation au Burkina m’interpelle mais du fait de la crudité et de la fraîcheur des événements qui s’y déroulent, il m’importe plus de garder l’oeil ouvert et de scruter comme un veilleur la succession des évènements. Il n’est pas de mon ressort ici de faire la chronique de présidents déchus ou de présidents africains à déchoir dans les années à venir. Une leçon que je voudrais bien tirer des récents évènements au Burkina Faso, l’ebola en Afrique de l’Ouest est que le ventre tient toujours sa première place. Quand je parle de « ventre », il ne s’agit pas seulement d’intérêts économiques, de ressources minières, énergétiques.., il s’agit aussi de tout ce qui est le moteur de toute révolution (Burkina), le moteur de tout laxisme (Ebola). Au coeur de la révolution du peuple burkinabé, il ne faut point y voir seulement un élan de démocratie, une aspiration au respect des lois constitutionnelles, il faut voir le cri d’un peuple qui a faim, qui cherche à subvenir à ses besoins primaires. La latence des pays membres de la CEDEAO par rapport au virus d’Ebola ne dénote qu’une préoccupation du « ventre », c’est-à-dire du corps non atteint. Les pays vivent actuellement en autarcie pour se préserver d’une maladie qui gangrène une partie de la planète ou que dirais-je « du corps ». L’humanité est un corps tout entier que l’on ne peut dépecer sans provoquer une douleur généralisée. « Leur Dieu c’est leur ventre » et c’est ainsi parce que l’on se cantonne que sur une partie du corps « le ventre » en ignorant les autres parties. On a pensé enlevé une gangrène du corps burkinabè en chassant Blaise Compaoré mais le mal est plus profond, les racines plus encrées. On a pensé isoler certains pays africains d’une « sale maladie » des mains mais le mal est plus profond. La racine du mal se trouve dans l’identité d’une humanité égoïste. L’avenir nous le dira.

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Article : Apologie du corps : l’au-delà de l’homosexualité
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1
8 mars 2014

Apologie du corps : l’au-delà de l’homosexualité

Credit by www.ilovechile
Credit by www.ilovechile

D’aucuns le nomment turpitudes, d’autres droits de l’homme, d’autres encore légifèrent sur son universalité, d’autres financent et font des lobbyings terribles sur les Etats « africains » qui le diabolisent. Des discours ont fusé ça et là sur l’homosexualité, pour ou contre mais ce qui importe de comprendre et saisir dans ce monde est la conception du corps. Quel corps pour ce monde qui exalte le plaisir et veut atténuer la souffrance ? Pour moi, une chose est claire, notre regard sur le corps humain va conditionner notre conception. Ma conception à moi est que le corps va à sa perte en déifiant le plaisir. (discours contre et au-delà de l’homosexualité)

Au nom de quel plaisir, au nom de quel trou dans le corps doit-on légaliser et universaliser l’homosexualité ? Au prime abord, on valorise la prostitution, le plaisir à grande intensité, le summum et ce par les gadgets, les tenues sexy, les sites pornographiques, les stars toutes nues. On soutient que pour intensifier le plaisir, on peut utiliser la bouche, le vagin, l’anus. La nourriture n’a plus son monopole dans la bouche, on peut l’utiliser à d’autres fins. L’anus n’évacue plus seulement les déchets, il peut servir à fortifier l’amour. C’est le 1er degré. Vous allez me rétorquer que c’est leur corps à eux, ils sont adultes, consentants et bien c’est dans ce consentement qu’on déifie le corps, on veut atteindre le plaisir et puis après ???

Deux hommes ou deux femmes s’embrassent, découvrent leur attachement, cherchent à rester ensemble ; découvrant que leur plaisir peut être aussi dans l’éducation des enfants, ils ou elles pensent adopter. Le corps a certainement perdu sa valeur aussi bien dans leur pensée ou esprit que dans leur pratique. Le corps ne contient que du plaisir, faisons tout pour y répondre.

De l’avortement à la naissance in-vitro, on veut éviter au corps la souffrance. On veut le rendre heureux. On n’oublie qu’il nous appellera un jour à la tombe. Et même à la mort, on pense qu’on peut enterrer ou mieux incinérer aujourd’hui et aller au boulot demain. Tout est réglé pour que l’homme profite pleinement de son vécu. La souffrance est vite oubliée, il ne faut plus être en peine, il faut vivre. Et Quelle vie ? Une vie qu’on voudrait imposer à tous, légaliser et servir sur un plateau d’éthique ou de valeurs au nom d’un soi-disant droit de l’homme : l’homme n’a-t-il pas le droit de disposer de son corps comme il veut ?

Eh bien, faut-il reconnaître et légaliser le vol parce que certains le font ? Faut-il laisser se suicider les gens (l’euthanasie) simplement parce que le plaisir du corps n’est plus là ?

Derrière vos discours, votre aliénation à une culture hybride et aliénante du corps, c’est le devenir de la souffrance et donc de la vie qui est en jeu. La vie n’est pas que plaisir, jouissance, elle est épreuves, courage, défi, engagement pour la bonne cause. Le devenir de l’homme africain en dépend. Dis moi comment tu vois ton corps, je te dirais qui tu es!!!!

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16. févr.
2014
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La fièvre électorale d’avant 2015 en Afrique de l’Ouest : perspectives et vérités

Messieurs les Excellences

Il demeure flagrant de constater que dans notre continent Africain, les élections demeurent et continuent de demeurer non seulement un enjeu de vie ou de mort mais aussi une affirmation du sentiment d’éternité. Autour des élections se forme une machine très complexe d’opposants et de parti traditionnel au pouvoir, de tractations et de stratégies rusées, de réflexion et d’actions. Tout cela peut être représenté sous l’image connotative et réelle d’une fièvre avant la maladie elle-même. L’année 2014 ne vient que de débuter à ses premières heures mais il semble qu’elle est déjà achevée vues toutes les projections et assurances que posent les acteurs politiques dans ce futur proche. En Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Nigéria (Février 2015), au Togo et même en Algérie, il est évident de sentir les soubresauts causés par la fièvre des élections. Les véritables questions sont occultées : il ne s’agit plus de s’interroger sur le bilan de ces actions passées, de faire le point sur le parcours en tant que chef d’Etat ! Non ! Il s’agit de vaincre et de gagner par tous les moyens. « Gagner ou Gagner », le verbe « perdre » n’existe pas dans le langage politique. Il importe pour nous de faire une analyse comparée de la période préélectorale dans trois pays à savoir le Togo, la Côte d’Ivoire et le Burkina afin de saisir la phénoménologie et la relativité du « sentiment d’éternel pouvoir » dans ces pays.

 

La logique du pouvoir : Gagner ou Gagner

Une caractéristique principale de la période préelectorale est la violence des mots, la violence des manigances, une violence polie, cachée qui s’extériorise dans la période post-électorale. D’une manière générale, telle est le point convergent qui rassemble ces pays et présidents frères : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Togo. L’actualité du Burkina Faso est un exemple patent. Le président Blaise Compaoré ayant déjà brigué 4 mandats veut se présenter à l’élection de 2015. L’article 37 de la Constitution burkinabè (une copie conforme et plate de la Constitution française) limite à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs à raison de 5 ans par mandat. En effet, après des modifications de la durée du mandat (7 ans à 5 ans) en 2000, le président s’est encore présenté deux fois en raison d’une non-rétroactivité de la loi c’est-à-dire qu’une non application effective de cet article modifié qu’après son 2ème mandat. Le 21 Mai 2013, 81 députés contre 46 ont voté la création d’un Sénat dans le but de créer une Chambre de représentants à la solde de ses intentions. A suivi un mouvement de colère, des manifestations d’opposants dans l’ensemble du pays pour protester contre cette loi. La logique du gagner semble être un virus qui papillonnent la vie des chefs d’Etats africains. Malgré la démission (fictive ou pas) du parti au pouvoir (Congrès pour la démocratie et le progrès) de 75 de ses affidés (conseillers, ministres) pour créer un parti politique le MPP (Mouvement du Peuple pour le Progrès, l’heure est toujours aux pourparlers, aux vaines médiations. On se demande si une médiation doit se tenir d’autant plus que la vérité ici n’est point subjective, elle ressort des textes sur lesquels le pouvoir a prêté serment et juré de défendre. Et la farce des hommes noirs continue. C’est le pays ami (la Côte d’Ivoire) qui envoie ses hommes de main « renouer le dialogue entre les anciens camarades, les démissionnaires, les responsables et autres chefs des partis politiques. » Pour paraphraser un dicton, l’erreur d’un homme est tolérable, mais la solidarité dans l’erreur est diabolique. La médiation est devenue l’arme pour légitimer l’intérêt des plus forts. La médiation interne piétine du fait simplement du non-lieu de cette médiation. Je pense qu’en Afrique, nous devons avoir honte de parler de médiation quand le médiateur est partial ou qu’un acteur de la médiation s’est déclaré hors-jeu de par l’incohérence de ces actes. La farce continue de durer en Afrique, et je ne sais au prix de quels intérêts, l’arrêt d’un régime presque éternel peut être un tort pour un pays. Quant au Togo, c’est la limitation du mandat présidentiel qui bouillonne les consciences. Le parti au pouvoir laisse moisir le vague article 59 de la Constitution Togolaise sur le nombre de mandat présidentiel. « Le président de la République est rééligible ». C’est dire que Faure Gnassingbé souffre moins des violents maux de tête pour réfléchir sur son lendemain politique plutôt que celui de son homologue Blaise Compaoré. Les maugrées et bourdonnement d’une alliance de l’opposition qui peine à se former ne l’inquiète en aucun point.

Bref, c’est le temps des alliances politiques. Durant la première partie du mandat, les partis de l’opposition rejettent les résultats des élections présidentielles. Ils appellent aux fraudes électorales et à la révision des voix ; la seconde partie consistera à critiquer le pouvoir en place sans réellement mettre en place des structures capables d’aider le peuple à sortir de la misère : en ce sens, leur presse privée et média auront tous les thèmes et critiques à resasser ; dans la seconde et dernière partie du mandat, on dirait que le climat politique est devenue une course à relais : les partis de l’opposition cherchent tant bien que mal à réunir leurs forces déjà usées à de vaines logorrhées. En Côte d’Ivoire, le FPI de Pascal Affi N’Guessan  cherche à créer son bloc unique mais peine à fédérer les 14 autres partis à la même cause. Et ceci à cause du quota d’intérêts que chaque parti gagnera à la victoire.

Un scenario pareil au Togo où les partis radicaux de l’opposition comme l’ANC ont adopté une tradition de marches et manifestations en scandant « Faure must go !!! 50 ans, c’est trop, 10 ans, ça suffit ». les meetings se succèdent chaque samedi ralentissant les affaires économiques du pays (grand marché). Le rouge est la couleur de rigueur et les imprécations des mamans Femen ( Femen togolaises) pourront suffir à éliminer le parti  au pouvoir UNIR. C’est dans ce climat politique délétère qu’est lancé un « Appel des patriotes » faiblement entendu par les différentes forces de « l’alternance ». il s’agit de créer une coalition dont le programme sera de « définir le projet de société, ainsi que la répartition des rôles, voire des postes, après la conquête du pouvoir». Le front pour l’Alternance peine encore à se former surtout après la large victoire du pouvoir aux dernières législatives.

Diviser pour mieux régner, construire l’illusion par les projets

La fièvre électorale ne comporte pas seulement des enjeux politiques. L’argent est le nerf de la guerre. L’économie est la grosse part de l’iceberg. Il s’agit de frapper les consciences, de montrer que le pays se développe, et accueille les investisseurs. Il semble qu’avant les élections, la terre tremble et des infrastructures sortent miraculeusement du sol. En témoignent les grands axes routiers qui traversent Lomé, « la mise en œuvre de programmes pour l’emploi des jeunes, l’amélioration des finances publiques, le Fonds National de Finance Inclusive permettant la création d’AGR » (Activité génératrice de revenus.) A Abidjan, les chantiers sont énormes : un troisième pont Henri Konan Bédié pour la ville d’Abidjan reliant les zones sud de la ville à Marcory au Nord(projet initié depuis 1999), l’échangeur de la Riviera II appelé échangeur moderne de trois niveaux, la construction de 2000 logements sociaux. L’heure est à la reconstruction, à la réhabilitation, à la séduction des investitsseurs et ce serait bien ingrat voire inimaginable d’abandonner le pouvoir en plein milieu de l’action !!! Mais quand même !!! En plus si des enjeux géostratégiques et militaires dépendent du maintien d’un président qui a déjà fait 22 ans au pouvoir et qui sait manier la carotte et le bâton pour calmer djihadjistes et islamistes, mutins et milices, opposants et partis au pouvoir, QUELLE BETISE POURRIEZ-VOUS AINSI COMMETTRE EN LE METTANT DEHORS ? L’Afrique de l’Ouest continue de souffrir de la farce d’opposants frivoles et de présidents à vie. C’est avec pleine adhésion que je réponds à cette citation de Machiavel : « Le but du prince est de conquérir le pouvoir, de le conserver et de rester en vie ». Et la farce continue….

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Article : Bangui la Coquette à Bangui la Roquette ( Acte I, Scène I)
Actu Conflits
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11 janvier 2014

Bangui la Coquette à Bangui la Roquette ( Acte I, Scène I)

 

combattants
credit Photo rue86.com

Etat-type de la Françafrique, la République centrafricaine fut dans les années 1970 l’objet des discussions et reportages des télévisions françaises. On se rappelle comment la France a pris une large part dans la politique intérieure et le sacre de l’empereur Bokassa 1er, grand ami de Charles de Gaulle. D’autre part, l’histoire de la Centrafrique montre un peuple qui a tellement souffert de la violence et de la répression coloniales jusqu’aux conflits internes, aux coups d’Etats répétitifs et de l’insécurité croissante provoquée par les diverses milices ou groupes rebelles dans le pays. Beaucoup de plumes et d’écrits célèbres peignent et continuent de peindre l’histoire « dramatique » de la Centrafrique. Loin de continuer dans cette mouvance pessimiste, nous dégagerons autant que possible une analyse du conflit centrafricain à travers 4 grands points : les acteurs du conflit centrafricain, les éléments déclencheurs, les causes profondes, les conséquences et les logiques d’action. Au sortir de cette analyse scientifique, nous élaborerons une démarche ou stratégie de sortie de crise.

Les acteurs du Conflit centrafricain

Les acteurs internes

Le gouvernement centrafricain de François Bozizé : Parvenu au pouvoir par les armes le 15 mars 2003 par le renversement de son président Ange Félix Patassé, le général François Bozizé fut pendant longtemps l’homme qui imposait le silence aux mutineries fréquentes à Bangui et déjouait les tentatives de coup d’Etat. Devenu rebelle lui-aussi en exil, aidé de ses alliés tchadiens, Bozizé s’empare aisément du pouvoir étant donné sa popularité dans l’armée centrafricaine. Cette armée centrafricaine contient en elle-même les germes d’une auto-destruction : une armée mi-rebelle, mi-républicaine, une armée non professionnelle formée d’un melting pot d’ex-miliciens réinsérés, d’ex-combattants frustrés qui n’ont pas été gradés, une armée prête à défaire de sa loyauté pour la recherche de l’honneur, de la gloire et de la richesse étant donné les coups d’Etat et les mutineries de 1996 et 1997. Soulignons que l’histoire militaire de la Centrafrique fait état de 300 milices libyens en plus de la garde présidentielle dénommé FORSIDIR ayant assuré la sécurité de l’ancien président Ange Félix Patassé. De même, le mouvement rebelle Mouvement de Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba (MLC) a aidé Patassé à conserver le pouvoir. Mais à sa prise de pouvoir, les forces ayant aidé Bozizé à prendre le pouvoir (composé de forces tchadiennes) ne bénéficiant pas de rémunérations se sont servis en pillages, viols et exactions sur la population. Bozizé avait à sa solde deux bataillons d’infanterie territoriale (BIT) en plus de la garde présidentielle composé d’éléments de l’ex-Unité de Sécurité Présidentielle de Patassé. Il appert que l’armée centrafricaine hérite d’une indiscipline notoire encouragée par le non-paiement des salaires des militaires. Les FACA ou Forces Armées Centrafricaines ont plus été des forces à la solde d’un président plutôt qu’une armée républicaine malgré les réformes initiées par la France.v

La pléthore de groupes rebelles : les petites milices et groupes rebelles pullulent en Centrafrique. Du MLC de Jean-Pierre Bemba aux rebelles de l’Armée de Résistance du Seigneur LRA de Joseph Kony en passant par les petites milices tchadiennes ou libyennes, les mutins de l’UPS ou de la Garde présidentielle, il est à remarquer que le climat d’insécurité est favorable à leur épanouissement, leurs exactions.

La Séléka : qui veut dire « Union » ou « Coalition » en Sango regroupe en son sein des partis politiques, des ex-combattants de la crise de 2007/2008 qui n’ont pas été réinsérés selon les accords de pacification. Composés à la fois de mutins qui ont pris les armes contre Bozizé en 2004 et des rebelles provenant du Soudan (conflit du Darfour), ce groupe de rebelles avec Djotodia à sa tête avait sévit dans le Nord-Est du pays, dans la ville de Birao. Ce groupe rebelle s’appelait l’UFDR (Union des Forces démocratiques pour le rassemblement). La mutinerie fut arrêtée à temps en fin d’année 2006 par l’Armée française. Et sous l’égide des Nations Unies, il fut signé une amnistie pour l’UFDR et le gouvernement. L’accalmie ne dura point puisque la rébellion qui avait fait son quartier général au Nord multipliait exactions, pillages, vols et viols sur la population. Cherchant à faire entendre leurs voix sur l’inapplication des accords de paix de 2007, les factions armées (soudanaises, tchadiennes, centrafricaines) se mirent en branle le 10 Décembre 2012 et conquirent Bangui 4 mois plus tard.

LRA : Signalée en Centrafrique depuis 2008, l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony est un puissant maître de l’Ouest de la Centrafrique. Cette Armée a déclaré la guerre au président ougandais Yoweri Museveni et s’est replié dans les localités centrafricaines de Ligoua, Kourouko, Gassimbala, Koubou, Gougbéré, Dindiri, Kamou, Ndigba où elle a mené divers attaques. Echappant au contrôle de l’Armée soudanaise et même des forces centrafricaines, cette faction mène des raids dans les zones fertiles et prospères afin de se ravitailler en nourritures. Ainsi, elle provoque un isolement des grandes villes comme Obo situé à plus de 1200 km de Bangui dans la préfecture du Haut Mbomou, à la frontière avec le Soudan et la RDC.Les rebelles de la LRA sont signalés aussi à Birao en septembre 2010.

MLC (Mouvement de Libération du Congo) du chef de guerre Jean-Pierre Bemba sévissait déjà depuis 1998 dans le Nord de la RDC. Suite à l’appel du président centrafricain Ange-Félix Patassé, les rebelles du MLC vont réprimer dans le sang la tentative du putsch du général Kolingba en Mai 2001 et de Bozizé entre Octobre 2002 et Mars 2003. Ils furent l’objet de nombreuses exactions dans le pays et sont accusés depuis 2008 de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Leur présence réelle dans le bourbier centrafricain exacerbe les divisions et la concurrence entre groupes armées.

Les anti-balaka : mot dérivé de la langue française « anti balle AKA »  c’est-à-dire des jeunes portant des gris-gris pour se protéger des balles des fusils AK 47 utilisés par les éléments de la Séléka, il devient contradictoire voire illogique de penser comme la plupart des médias français que ce sont des « anti-machettes. » Il en ressort que même les informations concernant des anti-balaka comme des milices regroupant seulement des chrétiens sonne totalement faux malgré les attaques et affrontements opposant les « musulmans » ou les commerçants aux chrétiens. En Centrafrique, affrontements entre chrétiens et musulmans n’est que l’aboutissement d’une confusion entre musulmans et combattants du Nord d’une part et entre musulmans et commerçants d’autre part. Le conflit centrafricain continue d’être instrumentalisé et exacerbé par une presse occidentale qui semble évoluer dans les catégorisations : Nord/ Sud, chrétiens/ musulmans ; nomades/ sédentaires. La Séléka regroupe plutôt des jeunes de Bangui et surtout des villes de l’intérieur qui s’organisent en force d’auto-défense contre toute agression de la Séléka. Loin d’être une nouvelle force et seulement chrétienne, ces groupes de jeunes se sont toujours formés en Centrafrique afin de se protéger de la violence récurrente des milices et groupes armés dans le pays. Il faut noter qu’il existe un clivage entre les centrafricains du Nord (qui se considèrent plus tchadiens et professent l’islam sunnite de l’espace saharo-sahélien et parlent arabe) et ceux du sud (qui furent victimes des razzias esclavagistes). Face à une population qui se réclame du christianisme (25% de catholiques –le père de l’indépendance était un prêtre Barthélémy Boganda en 1938- 25% de protestants) 15% de l’Islam et surtout 35% de l’animisme, il serait préférable d’opter plutôt pour l’hostilité de la population de Bangui qui subit viols et pillages de la part des rebelles « musulmans » alors que les commerçants( pour la plus part nordistes, tchadiens) ne sont aucunement dérangés. Cela explique les débuts des forfaits des milices anti-balaka qui cherchaient à se nourrir par le pillage des boutiques des riches commerçants de la ville.

Il a été ainsi recensé jusqu’alors 14 groupes armés[1] des milices ou factions tchadiennes, ougandaises, les Janjawid soudanais qui pillent et volent et considèrent la Centrafrique comme une « Dar Kouti » c’est-à-dire une terre des esclaves ; les Seigneurs de la guerre. Tout cet enchevêtrement de factions armées complexifient l’architecture interne des forces en présence et rend encore plus difficiles les enjeux et intérêts de ces forces.



[1] Patrice GOURDIN, « République Centrafricaine : géopolitique d’un pays oublié » in diploweb.com, Oct 2013.

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Article : les 12 heures de l’horloge 2013
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3 janvier 2014

les 12 heures de l’horloge 2013

 

credit Photo: Vit Paroulek
credit Photo: Vit Paroulek

 

Il est d’usage dans cette humanité passante de faire l’évaluation-bilan d’une période parcourue. Souvent ce bilan est fait à tort tout simplement parce qu’il s’inscrit dans une tradition apocalyptique. Selon cette tradition, la fin d’une année coincide avec les fins dernières, la fin de l’humanité et comme certains aiment affirmer : «  à la fin de la vie, on voit dérouler devant soi le film complet de ses actes sur la terre. » Loin de proroger à une tradition ridicule qui ignore que chaque jour est une fin en soi, nous aimerions vous livrer à travers ces lignes un mémorial des grands moments qui ont jalonné l’histoire de notre monde en termes de conflits, de géopolitique ou de relations internationales. Chaque page de l’histoire est écrite par les hommes puissants et c’est la force qui fonde le droit dans ce monde malgré les tentatives pacifistes naissantes. Ceci est un hommage à tous les hommes, femmes et enfants qui sont tombés, qui tomberont à cause de la puissance des hommes. L’histoire de l’année 2013 confirme la thèse de la légitimité des forts sur les faibles, des riches sur les ignorants-riches, les armes sur la paix. Tant que les hommes ne comprendront pas que c’est la force qui fonde le droit, la puissance et la violence qui légitime le pouvoir et que la vraie liberté n’est que sacrifice de soi et d’une noble cause, il subsistera toujours des organismes humanitaires pour ramasser les corps, des puissants pour distribuer des armes, des peuples qui s’affronteront à mort pour un combat qui n’est pas le leur.

 

 Décembre 2013 : Tandis qu’au Sud de l’Afrique, un vieillard meurt cloué par le poids de l’âge, au centre de l’Afrique des enfants, des femmes et des hommes sont assassinés à cause de la violence des hommes. Le 05 décembre, des affrontements ont eu lieu à Bangui et à Bossangoa entre des combattants ex-séléka et des jeunes regroupés en milices : les anti-balaka. Cette crise centrafricaine a tellement fait couler d’encre de telle sorte que le facteur religieux constitue désormais un enjeu important. Soi-disant chrétiens contre soi-disant musulmans s’affrontent ; des chrétiens arborant des amulettes animistes ravagent, pillent et saccagent les boutiques de commerçants musulmans. Une guerre aux intérêts stratégiques et économiques très importants pour la France, le Tchad et même le Cameroun. Le diamant et le pétrole  centrafricain creusent l’appétit des pays frontaliers en proie aussi à des crises internes. Il semble que Janvier 2014 soit néfaste pour le centre de l’Afrique (Soudan, Sud-Soudan, Centrafrique, RDC et par extension l’Egypte.

Leçon : On peut tuer le coq, mais on ne peut empêcher le soleil de se lever.

Novembre 2013 : le 03 novembre, une gigantesque tempête (Typhon Haiyan) passe au-dessus des îles Philippines, du Vietnam, du Laos, et le Sud de la Chine provoquant plus de 4000 morts, des dizaines de milliers de personnes souffrant de la faim, forcé à boire l’eau non potable. C’est la plus grande tempête jamais survenu au monde et doté d’une force très violente. L’environnement a encore une fois eu le dessus sur l’homme. Les catastrophes naturelles deviennent de plus en plus nombreuses du fait de l’exploitation anarchique de l’environnement et de l’émission des gaz à effet de serre. Ces émissions sont pour la plupart causées par les industries des pays développés qui cherchent à maximiser leur profit au dépend d’une quelconque préservation de l’environnement pour les générations futures.

Leçon : Quiconque taquine un nid de guêpe doit savoir courir.

 

Octobre 2013 : Bilan le plus macabre de l’année obtenu en haute mer suite à l’indifférence et à la haine des hommes : 366 morts au large des côtes d’Italie, près des terres de Lampedusa le 03 Octobre. En effet un chalutier, prenant à son bord des somaliens et Erythréens fuyant leur pays, a été rongé par le feu en pleine mer causant la mort de plus de la moitié des 500 personnes, et cela sous l’œil indifférent des autorités de Lampedusa et des gardes côtes. Même si des secours furent envoyés pour secourir les derniers mourants, il existe en Italie une loi qui prévoit l’expulsion immédiate des migrants « illégaux » : c’est la loi Bossi-Fini. Une loi xénophobe qui fut adoptée par le gouvernement Berlusconi en 2002 introduisant le concept de « délit d’immigration clandestine ». Cette mondialisation de l’indifférence selon les termes du Pape François est une honte pour l’humanité qui légifère des lois afin de marginaliser et de provoquer la mort des catégories les plus faibles et les plus pauvres de la société.

Leçon : « La culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-même, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon. Elles sont l’illusion du futile, du provisoire, illusion qui porte à l’indifférence envers les autres, et même à la mondialisation de l’indifférence. » Pape François.

 

Septembre 2013 : Dans la nuit du 28 au 29 Septembre, à 1 heures du matin, des assaillants de Boko Haram entrent dans 4 dortoirs des garçons et fusillent sans ménagement tous ceux qui y dormaient. La fusillade n’épargne personne que ce soient ceux qui prennent la fuite ou tentent de se réfugier dans les salles de classe ou à l’extérieur. C’était dans un collège agricole de la ville de Gujba à 30km de la ville de Damaturu dans l’Etat de Yobe au Nord Est du Nigéria. Un bilan de 44 morts, 4 blessés et 18 disparus. Ce massacre communément appelé le massacre de Gujba fait partie d’une longue série d’attentats et d’assassinats perpétrés par les membres de la secte islamique Boko Haram. La notion de Dieu en Afrique plus particulièrement au Nigéria devient entachée tellement de sang des innocents de telle sorte que l’on se demande si Dieu veut nous sauver ou nous voir mourir. « Doit-on tuer au nom de Dieu » et au nom de quel Dieu ?

Leçon : Quelque soit l’ébullition de l’eau, elle ne pourra enflammer une maison.

 

Août 2013 : suite à un reportage clandestin sur le conflit Syrien, des journalistes (toujours eux) du journal Le Monde ont ramené des échantillons de sang, d’urine, de cheveux prélevés dans la région de Jobar faisant état de l’utilisation des gaz chimiques au cours des combats. Le 21 Août, une attaque chimique près de Damas est directement attribuée à l’armée syrienne. S’en suivra une crise diplomatique au sein des Nations Unies entre le parrain des forces de l’opposition (les USA, la France, la Grande Bretagne) et le parrain de Bachar Al Assad. La France (toujours elle !!!) veut intervenir illico presto sans vérifier de manière impartiale les auteurs de l’attaque. Le bilan de morts dépend du camp qui le diffuse. C’est à la fois une guerre médiatique et géostratégique. Pour ou contre l’intervention de l’OTAN ? L’humanité a frôlé une troisième guerre du golfe. La crise diplomatique USA-Russie a mis en haleine le Moyen Orient mais a atteint son accalmie après l’annonce de la Russie d’envoyer des experts des Nations Unies s’enquérir sur le terrain syrien de la réalité des faits.

Leçon : Le serpent a beau être petit, on n’aventure jamais le doigt dans sa bouche.

 

Juillet 2013 : Un an après l’élection de Mohammed Morsi, président civil élu au pouvoir en Egypte après la chute de Hosni Moubarak, un coup d’Etat militaire a été mené par l’armée égyptienne sous le commandement du général Al Sisi en prétendant faire valoir le ras-le-bol d’une soi-disant population ayant marre du président qu’elle a elle-même élu aux suffrages présidentielles en Juin 2012. Ce 03 Juillet, l’Egypte sombre dans un vaste mouvement contestataire : à la suite du printemps arabe, c’est l’hiver arabe qui s’annonce. Affrontements entre les partisans du Président déchu et ses adversaires, violentes confrontations entre les deux camps ont eu lieu dans plusieurs villes égyptiennes telles que le Caire, Alexandrie, Fayoum, Minya. Le coup d’Etat se transforme en une chasse aux sorcières (les Frères musulmans). Entre arguments de dictature au pouvoir, de confiscation des postes gouvernementales aux Frères musulmans se glissent des enjeux d’hégémonie salafiste au détriment d’un pouvoir chiite. L’armée en Afrique se fera le porte-parole de gré ou de force d’une population qu’elle torture quand cela lui prend. Il n’en demeure pas que l’indiscipline des armées africaines est le lot d’une déchéance profonde de nos Etats.

Leçon : L’ autorité, comme la peau des lions et des léopards, est pleine de trous.

 

Juin 2013 : le leadership américain se renforce sur le continent africain par cette célèbre visite du président américain Barack Obama au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Cette visite de 8 jours à partir du 26 Juin 2013 montre qu’au-delà des quatre piliers de la stratégie des Etats-Unis en Afrique subsaharienne : (1) renforcer les institutions démocratiques ; (2) stimuler la croissance économique, les échanges et les investissements ; (3) faire avancer la paix et la sécurité ; et (4) promouvoir les possibilités et le développement, c’est l’hégémonie américaine qui s’amplifie sur le continent avec une augmentation des intérêts économiques et géostratégiques, une implication effective dans la fourniture d’équipements militaires (drones, armes) dans la lutte contre le terrorisme. Il faudrait noter que cette visite a aussi comme enjeu véritable l’appel aux Africains à respecter l’une des conditionnalités aux dons ou prêts de la Banque Mondial : le droit des homosexuels. Le hasard et la générosité ne fait pas partie du langage des relations américano-africaines ou europafricaines.

Leçon : Quand le chat n’a pas faim, il dit que le derrière de la souris pue !

 

Mai 2013 : Le savez-vous que chaque 25 Mai, il est fêté la Journée Mondiale de l’Afrique ? Mais quelle Afrique me demanderiez-vous ? C’est l’Afrique debout, qui se réveille grâce aux bons soins de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie), l’Afrique de l’assistanat, l’Afrique qui développe son secteur éducatif « éducation de qualité pour tous » à travers des projets comme IFADEM (Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres) organisé par l’AUF et l’OIF dans les pays comme la RDC, le Bénin, Madagascar, Burundi…. Le 25 Mai, on célèbre plutôt l’Afrique lourd de son passé francophone, on continue de déifier une culture « supérieure » à la nôtre, une culture où la liberté sexuelle constitue un droit inaliénable. « Notre culture est celle de la Francophonie !!! » Mangeons et buvons à la santé d’une véritable communauté francophone. Et c’est avec point d’étonnement que L’Agence universitaire de la Francophonie s’est activée pour la réouverture en septembre 2012 des trois principales universités en Côte d’Ivoire (Université Félix Houphouet Boigny, Ex Codody, Université Nangui Abrogoua, ex Abobo-Adjamé, et Université Alassane Ouattara, ex Bouaké), après deux années de fermeture. L’Afrique est la meilleure télévision de diffusion de la culture francophone…… plutôt française.

Leçon : Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.

 

Avril 2013 : le 23 Avril, l’illicité est reconnue licite, l’illégal légal, le pervers vertueux. L’homosexualité quitte le rang de maladie psychique pour entrer dans le rang de la normalité humaine. Eh bien, comme ce sont eux qui décident de ce qui est bien ou mal pour « la démocratie » ou mieux les valeurs démocratiques dans le monde et plus précisément dans la France-Afrique, le Parlement Français adopte à la majorité le mariage homosexuel et l’adoption d’enfants. A partir de ce jour, le combat est engagé pour taxer d’homophobie tous les pays qui vont à l’encontre de ces lois. C’est bien évident que la vertu d’une loi dépend de celui qui l’adopte mais une loi est vicieuse quand elle fait fi d’une conscience morale. De la perte des valeurs, le monde a commencé à sombrer dans la déification et la légitimité des contre-valeurs.

Leçon : La vérité peut se promener toute nue, mais les mensonges doivent être habillés.

 

Mars 2013 : le lundi 25 Mars, la Séléka qui s’est fait entendre par des victoires éclatantes sur les forces fidèles à François Bozizé a pris le pouvoir sous le commandement de Michel Djotodia. La mère France qui avaient des militaires dans le pays se sont donnés comme mission de protéger leurs intérêts (compatriotes, richesses, entreprises…). C’est le début d’un chaos qui ne dit plus son nom. Les hommes, femmes et enfants sont abattus comme des animaux, le pays replonge dans son train-train quotidien de guerre. François Bozizé échappe in extremis aux rebelles qui franchissaient son palais. En représailles, le Conseil de Paix et sécurité de l’Union africaine a suspendu la participation de la Centrafrique à l’organisation. Beaucoup de voix s’élèvent pour condamner le coup d’Etat mais sur le terrain on distribue des armes aux rebelles, on joue une feinte neutralité. Même la FOMAC s’implique malheureusement à patrouiller aux côtés de la Séléka. L’habitude du chaos fait son bonhomme de chemin

Leçon : Le cafard a beau se rouler dans la cendre, le coq le reconnait toujours

 

Février 2013 : Le lundi 11 Février 2013, le pape Bénoit XVI à l’âge de 85 ans annonce devant le consistoire réunis au Vatican sa démission à partir du 28 Février : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. » Une première dans l’histoire de l’humanité d’autant plus que la tradition montrait des papes qui gouvernaient la barque du Christ jusqu’à leur dernier souffle. Ainsi s’ouvre pour les chrétiens, le monde politique et les relations internationales un paradigme nouveau. La démission du pape aura une incidence importante non seulement sur la manière de servir le peuple de Dieu (l’appel à l’humilité) mais aussi la manière de gouverner les hommes de ce temps (la contingence et/ou l’inconstance du pouvoir)

Leçon : La vie nest pas juste mais exacte car elle est le reflet exacte de tes pensées et des croyances.

 

Janvier 2013 : Le Vendredi 11 janvier 2013 à 10 h 30,  lors de ses vœux au corps diplomatique, François Hollande indique que la France répondra, aux côtés de ses partenaires africains, à la demande des autorités maliennes, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. L’Opération Serval était depuis jeudi soir sur le sol de Bamako. L’avancée fulgurante des djihadjistes vers la capitale a entrainé une telle efficacité et rapidité de déploiement des troupes françaises déjà en place au Burkina Faso depuis des mois. Le paradoxe réside dans ce double jeu de pyromane et de pompier joué par la France : d’une part, armer les islamistes en Libye contre Kaddhafi et d’autre part chercher à arrêter leur progression au Mali.

Leçon du mois : On s’attaque au serpent qui sort à l’improviste, avec le bâton qu’on a à la main.

 

 

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la meilleure solution est de poser le problème

Auteur·e

L'auteur: Yao Kékéli Jean
Philosophe et politologue de formation, spécialiste-chercheur en gestion de conflits et paix, je suis à la recherche d'un meilleur pour l'Afrique dans le monde.

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