La faim du M23, fin et suite ?

Article : La faim du M23, fin et suite ?
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6 novembre 2013

La faim du M23, fin et suite ?

Le M23 via radiookapi.net
Le M23 via radiookapi.net

L’instabilité notoire au Nord-est du RDC remonte dans l’histoire, une histoire servie avec un cocktail d’intérêts géostratégiques, économiques et politiques. L’histoire de la postcolonie retiendra ce groupe de réfugiés hutus fuyant les atrocités du génocide Rwanda afin de s’incruster dans cette partie de l’Afrique dont le sous-sol est riche à la fois en colbat, en or, en zinc, manganèse, coltan et pierres précieuses. Cette région est taxé de « zones grises » par les politologues du fait du fourre-tout de factions armées, de viols, meurtres, assassinats qui polluent et gangrènent la quiétude des populations depuis la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila. Acculé de deux côtés de la frontière par l’armée rwandaise et ougandaise qui lorgnent de l’œil les richesses et espèrent un contrôle sur l’est de la RDC, la pacification est loin d’une « victoire » sur le M23. La suite de notre analyse montrera combien la pertinence des milices armées dans l’Est du Congo ressemble à un dragon à sept têtes des légendes chinoises. Le mal est plus pernicieux que l’on y croit.

 

Depuis le 06 mai 2012, la faction armée ayant fait défection et refusé l’accord de paix de Kinshasa signé le 23 mars afin d’intégrer les forces armées républicaines (FARDC) rejoignent la rébellion. Ils se dotent de tous les moyens militaires mais aussi médiatiques. Leur propagande même se fait via leur page facebook qu’ils entretiennent pour diffuser leurs faits d’armes. Leurs premières offensives furent à la fois fulgurantes et rapides : les localités de Jomba, Chengerero tombent autour du 1er Juillet 2012 après avoir repoussé les renforts de l’armée nationale à la fin mai. L’armée nationale est instable d’autant plus que de nouvelles vagues de défections viennent renforcer les rangs du M23. L’ONU sentant un chaos sans précédent dans la zone envoie la MONUSCO afin d’imposer la paix, empêcher l’expansion des groupes armés dans l’est, les neutraliser et les désarmer. D’autant plus qu’une viande avariée ne peut être assaillie par une seule mouche, de même d’autres acteurs non étatiques comme les milices Maï-Maï et le FDLR se sont invités à la table des hostilités. Entre négociations, trêves, reprises des armes, l’homme, la femme, l’enfant habitant cette zone sordide est accablé de toutes sortes de maux : des chirurgies volontaires (manches longues, manches courtes), l’imposition des armes aux enfants, les viols, assassinats stratégiques. La liste est longue. En quelques jours, Goma est pris, l’armée prend la poudre d’escampette devant de petits voyous organisés. Quelle splendide et ridicule image !!!!

Deux remarques à retenir : La guerre est cyclique et très contagieuse. Elle est comme un gaz qui s’évapore par tous les trous possibles. En effet, le génocide rwandais de 1994 n’est point fini, elle s’est déplacée simplement sur les frontières voisines du Nord-Est Congo. Le Tsutsi Sultani Emmanuel Makenga dirige la branche militaire du M23 d’autant plus que l’armée rwandaise cherche à chasser de son sol ses réfugiés hutus et tsutsi, foyer possible d’une rebellion, le M23. Peut-on dire alors que la fin du M23 est arrivée comme s’empresse de dire les médias ? Sont-ils tous morts ou ont-ils pris la fuite comme les fois dernières pour revenir en force ? L’Africain oubliera toujours de retenir l’histoire. Même si des combattants ont été chassés du pays dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 novembre, la loi de la physique newtonienne rappelle que la nature a horreur du vide. N’empêche que des groupes d’islamistes radicaux comme l’ADF-NALU (opposition ougandaise) et d’autres milices se cachent dans les collines du Tshanzu ou ailleurs afin de semer la zizanie et de somaliser la zone.

Tant que les grains de maïs seront au sol, les coqs se battront toujours. Le Nord-Kivu est loin d’être apaisé, s’en suivra certainement une course à la richesse qu’elle soit politique ou militaire. Les richesses ont tellement attiré les pays de la zone (Rwanda, Ouganda) et les litiges frontaliers avec l’Angola à propos du pétrole maritime sont loin d’être achevés. Un grand travail demeure : une armée divisée, des voisins jaloux, des rebelles disséminées, des populations affaiblies et abattues par des décennies de guerre. Quelle sécurité pour l’Afrique en général et pour nos pays en particulier ? la question demeure.

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