les 12 heures de l’horloge 2013

Article : les 12 heures de l’horloge 2013
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3 janvier 2014

les 12 heures de l’horloge 2013

 

credit Photo: Vit Paroulek
credit Photo: Vit Paroulek

 

Il est d’usage dans cette humanité passante de faire l’évaluation-bilan d’une période parcourue. Souvent ce bilan est fait à tort tout simplement parce qu’il s’inscrit dans une tradition apocalyptique. Selon cette tradition, la fin d’une année coincide avec les fins dernières, la fin de l’humanité et comme certains aiment affirmer : «  à la fin de la vie, on voit dérouler devant soi le film complet de ses actes sur la terre. » Loin de proroger à une tradition ridicule qui ignore que chaque jour est une fin en soi, nous aimerions vous livrer à travers ces lignes un mémorial des grands moments qui ont jalonné l’histoire de notre monde en termes de conflits, de géopolitique ou de relations internationales. Chaque page de l’histoire est écrite par les hommes puissants et c’est la force qui fonde le droit dans ce monde malgré les tentatives pacifistes naissantes. Ceci est un hommage à tous les hommes, femmes et enfants qui sont tombés, qui tomberont à cause de la puissance des hommes. L’histoire de l’année 2013 confirme la thèse de la légitimité des forts sur les faibles, des riches sur les ignorants-riches, les armes sur la paix. Tant que les hommes ne comprendront pas que c’est la force qui fonde le droit, la puissance et la violence qui légitime le pouvoir et que la vraie liberté n’est que sacrifice de soi et d’une noble cause, il subsistera toujours des organismes humanitaires pour ramasser les corps, des puissants pour distribuer des armes, des peuples qui s’affronteront à mort pour un combat qui n’est pas le leur.

 

 Décembre 2013 : Tandis qu’au Sud de l’Afrique, un vieillard meurt cloué par le poids de l’âge, au centre de l’Afrique des enfants, des femmes et des hommes sont assassinés à cause de la violence des hommes. Le 05 décembre, des affrontements ont eu lieu à Bangui et à Bossangoa entre des combattants ex-séléka et des jeunes regroupés en milices : les anti-balaka. Cette crise centrafricaine a tellement fait couler d’encre de telle sorte que le facteur religieux constitue désormais un enjeu important. Soi-disant chrétiens contre soi-disant musulmans s’affrontent ; des chrétiens arborant des amulettes animistes ravagent, pillent et saccagent les boutiques de commerçants musulmans. Une guerre aux intérêts stratégiques et économiques très importants pour la France, le Tchad et même le Cameroun. Le diamant et le pétrole  centrafricain creusent l’appétit des pays frontaliers en proie aussi à des crises internes. Il semble que Janvier 2014 soit néfaste pour le centre de l’Afrique (Soudan, Sud-Soudan, Centrafrique, RDC et par extension l’Egypte.

Leçon : On peut tuer le coq, mais on ne peut empêcher le soleil de se lever.

Novembre 2013 : le 03 novembre, une gigantesque tempête (Typhon Haiyan) passe au-dessus des îles Philippines, du Vietnam, du Laos, et le Sud de la Chine provoquant plus de 4000 morts, des dizaines de milliers de personnes souffrant de la faim, forcé à boire l’eau non potable. C’est la plus grande tempête jamais survenu au monde et doté d’une force très violente. L’environnement a encore une fois eu le dessus sur l’homme. Les catastrophes naturelles deviennent de plus en plus nombreuses du fait de l’exploitation anarchique de l’environnement et de l’émission des gaz à effet de serre. Ces émissions sont pour la plupart causées par les industries des pays développés qui cherchent à maximiser leur profit au dépend d’une quelconque préservation de l’environnement pour les générations futures.

Leçon : Quiconque taquine un nid de guêpe doit savoir courir.

 

Octobre 2013 : Bilan le plus macabre de l’année obtenu en haute mer suite à l’indifférence et à la haine des hommes : 366 morts au large des côtes d’Italie, près des terres de Lampedusa le 03 Octobre. En effet un chalutier, prenant à son bord des somaliens et Erythréens fuyant leur pays, a été rongé par le feu en pleine mer causant la mort de plus de la moitié des 500 personnes, et cela sous l’œil indifférent des autorités de Lampedusa et des gardes côtes. Même si des secours furent envoyés pour secourir les derniers mourants, il existe en Italie une loi qui prévoit l’expulsion immédiate des migrants « illégaux » : c’est la loi Bossi-Fini. Une loi xénophobe qui fut adoptée par le gouvernement Berlusconi en 2002 introduisant le concept de « délit d’immigration clandestine ». Cette mondialisation de l’indifférence selon les termes du Pape François est une honte pour l’humanité qui légifère des lois afin de marginaliser et de provoquer la mort des catégories les plus faibles et les plus pauvres de la société.

Leçon : « La culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-même, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon. Elles sont l’illusion du futile, du provisoire, illusion qui porte à l’indifférence envers les autres, et même à la mondialisation de l’indifférence. » Pape François.

 

Septembre 2013 : Dans la nuit du 28 au 29 Septembre, à 1 heures du matin, des assaillants de Boko Haram entrent dans 4 dortoirs des garçons et fusillent sans ménagement tous ceux qui y dormaient. La fusillade n’épargne personne que ce soient ceux qui prennent la fuite ou tentent de se réfugier dans les salles de classe ou à l’extérieur. C’était dans un collège agricole de la ville de Gujba à 30km de la ville de Damaturu dans l’Etat de Yobe au Nord Est du Nigéria. Un bilan de 44 morts, 4 blessés et 18 disparus. Ce massacre communément appelé le massacre de Gujba fait partie d’une longue série d’attentats et d’assassinats perpétrés par les membres de la secte islamique Boko Haram. La notion de Dieu en Afrique plus particulièrement au Nigéria devient entachée tellement de sang des innocents de telle sorte que l’on se demande si Dieu veut nous sauver ou nous voir mourir. « Doit-on tuer au nom de Dieu » et au nom de quel Dieu ?

Leçon : Quelque soit l’ébullition de l’eau, elle ne pourra enflammer une maison.

 

Août 2013 : suite à un reportage clandestin sur le conflit Syrien, des journalistes (toujours eux) du journal Le Monde ont ramené des échantillons de sang, d’urine, de cheveux prélevés dans la région de Jobar faisant état de l’utilisation des gaz chimiques au cours des combats. Le 21 Août, une attaque chimique près de Damas est directement attribuée à l’armée syrienne. S’en suivra une crise diplomatique au sein des Nations Unies entre le parrain des forces de l’opposition (les USA, la France, la Grande Bretagne) et le parrain de Bachar Al Assad. La France (toujours elle !!!) veut intervenir illico presto sans vérifier de manière impartiale les auteurs de l’attaque. Le bilan de morts dépend du camp qui le diffuse. C’est à la fois une guerre médiatique et géostratégique. Pour ou contre l’intervention de l’OTAN ? L’humanité a frôlé une troisième guerre du golfe. La crise diplomatique USA-Russie a mis en haleine le Moyen Orient mais a atteint son accalmie après l’annonce de la Russie d’envoyer des experts des Nations Unies s’enquérir sur le terrain syrien de la réalité des faits.

Leçon : Le serpent a beau être petit, on n’aventure jamais le doigt dans sa bouche.

 

Juillet 2013 : Un an après l’élection de Mohammed Morsi, président civil élu au pouvoir en Egypte après la chute de Hosni Moubarak, un coup d’Etat militaire a été mené par l’armée égyptienne sous le commandement du général Al Sisi en prétendant faire valoir le ras-le-bol d’une soi-disant population ayant marre du président qu’elle a elle-même élu aux suffrages présidentielles en Juin 2012. Ce 03 Juillet, l’Egypte sombre dans un vaste mouvement contestataire : à la suite du printemps arabe, c’est l’hiver arabe qui s’annonce. Affrontements entre les partisans du Président déchu et ses adversaires, violentes confrontations entre les deux camps ont eu lieu dans plusieurs villes égyptiennes telles que le Caire, Alexandrie, Fayoum, Minya. Le coup d’Etat se transforme en une chasse aux sorcières (les Frères musulmans). Entre arguments de dictature au pouvoir, de confiscation des postes gouvernementales aux Frères musulmans se glissent des enjeux d’hégémonie salafiste au détriment d’un pouvoir chiite. L’armée en Afrique se fera le porte-parole de gré ou de force d’une population qu’elle torture quand cela lui prend. Il n’en demeure pas que l’indiscipline des armées africaines est le lot d’une déchéance profonde de nos Etats.

Leçon : L’ autorité, comme la peau des lions et des léopards, est pleine de trous.

 

Juin 2013 : le leadership américain se renforce sur le continent africain par cette célèbre visite du président américain Barack Obama au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Cette visite de 8 jours à partir du 26 Juin 2013 montre qu’au-delà des quatre piliers de la stratégie des Etats-Unis en Afrique subsaharienne : (1) renforcer les institutions démocratiques ; (2) stimuler la croissance économique, les échanges et les investissements ; (3) faire avancer la paix et la sécurité ; et (4) promouvoir les possibilités et le développement, c’est l’hégémonie américaine qui s’amplifie sur le continent avec une augmentation des intérêts économiques et géostratégiques, une implication effective dans la fourniture d’équipements militaires (drones, armes) dans la lutte contre le terrorisme. Il faudrait noter que cette visite a aussi comme enjeu véritable l’appel aux Africains à respecter l’une des conditionnalités aux dons ou prêts de la Banque Mondial : le droit des homosexuels. Le hasard et la générosité ne fait pas partie du langage des relations américano-africaines ou europafricaines.

Leçon : Quand le chat n’a pas faim, il dit que le derrière de la souris pue !

 

Mai 2013 : Le savez-vous que chaque 25 Mai, il est fêté la Journée Mondiale de l’Afrique ? Mais quelle Afrique me demanderiez-vous ? C’est l’Afrique debout, qui se réveille grâce aux bons soins de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie), l’Afrique de l’assistanat, l’Afrique qui développe son secteur éducatif « éducation de qualité pour tous » à travers des projets comme IFADEM (Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres) organisé par l’AUF et l’OIF dans les pays comme la RDC, le Bénin, Madagascar, Burundi…. Le 25 Mai, on célèbre plutôt l’Afrique lourd de son passé francophone, on continue de déifier une culture « supérieure » à la nôtre, une culture où la liberté sexuelle constitue un droit inaliénable. « Notre culture est celle de la Francophonie !!! » Mangeons et buvons à la santé d’une véritable communauté francophone. Et c’est avec point d’étonnement que L’Agence universitaire de la Francophonie s’est activée pour la réouverture en septembre 2012 des trois principales universités en Côte d’Ivoire (Université Félix Houphouet Boigny, Ex Codody, Université Nangui Abrogoua, ex Abobo-Adjamé, et Université Alassane Ouattara, ex Bouaké), après deux années de fermeture. L’Afrique est la meilleure télévision de diffusion de la culture francophone…… plutôt française.

Leçon : Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.

 

Avril 2013 : le 23 Avril, l’illicité est reconnue licite, l’illégal légal, le pervers vertueux. L’homosexualité quitte le rang de maladie psychique pour entrer dans le rang de la normalité humaine. Eh bien, comme ce sont eux qui décident de ce qui est bien ou mal pour « la démocratie » ou mieux les valeurs démocratiques dans le monde et plus précisément dans la France-Afrique, le Parlement Français adopte à la majorité le mariage homosexuel et l’adoption d’enfants. A partir de ce jour, le combat est engagé pour taxer d’homophobie tous les pays qui vont à l’encontre de ces lois. C’est bien évident que la vertu d’une loi dépend de celui qui l’adopte mais une loi est vicieuse quand elle fait fi d’une conscience morale. De la perte des valeurs, le monde a commencé à sombrer dans la déification et la légitimité des contre-valeurs.

Leçon : La vérité peut se promener toute nue, mais les mensonges doivent être habillés.

 

Mars 2013 : le lundi 25 Mars, la Séléka qui s’est fait entendre par des victoires éclatantes sur les forces fidèles à François Bozizé a pris le pouvoir sous le commandement de Michel Djotodia. La mère France qui avaient des militaires dans le pays se sont donnés comme mission de protéger leurs intérêts (compatriotes, richesses, entreprises…). C’est le début d’un chaos qui ne dit plus son nom. Les hommes, femmes et enfants sont abattus comme des animaux, le pays replonge dans son train-train quotidien de guerre. François Bozizé échappe in extremis aux rebelles qui franchissaient son palais. En représailles, le Conseil de Paix et sécurité de l’Union africaine a suspendu la participation de la Centrafrique à l’organisation. Beaucoup de voix s’élèvent pour condamner le coup d’Etat mais sur le terrain on distribue des armes aux rebelles, on joue une feinte neutralité. Même la FOMAC s’implique malheureusement à patrouiller aux côtés de la Séléka. L’habitude du chaos fait son bonhomme de chemin

Leçon : Le cafard a beau se rouler dans la cendre, le coq le reconnait toujours

 

Février 2013 : Le lundi 11 Février 2013, le pape Bénoit XVI à l’âge de 85 ans annonce devant le consistoire réunis au Vatican sa démission à partir du 28 Février : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. » Une première dans l’histoire de l’humanité d’autant plus que la tradition montrait des papes qui gouvernaient la barque du Christ jusqu’à leur dernier souffle. Ainsi s’ouvre pour les chrétiens, le monde politique et les relations internationales un paradigme nouveau. La démission du pape aura une incidence importante non seulement sur la manière de servir le peuple de Dieu (l’appel à l’humilité) mais aussi la manière de gouverner les hommes de ce temps (la contingence et/ou l’inconstance du pouvoir)

Leçon : La vie nest pas juste mais exacte car elle est le reflet exacte de tes pensées et des croyances.

 

Janvier 2013 : Le Vendredi 11 janvier 2013 à 10 h 30,  lors de ses vœux au corps diplomatique, François Hollande indique que la France répondra, aux côtés de ses partenaires africains, à la demande des autorités maliennes, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. L’Opération Serval était depuis jeudi soir sur le sol de Bamako. L’avancée fulgurante des djihadjistes vers la capitale a entrainé une telle efficacité et rapidité de déploiement des troupes françaises déjà en place au Burkina Faso depuis des mois. Le paradoxe réside dans ce double jeu de pyromane et de pompier joué par la France : d’une part, armer les islamistes en Libye contre Kaddhafi et d’autre part chercher à arrêter leur progression au Mali.

Leçon du mois : On s’attaque au serpent qui sort à l’improviste, avec le bâton qu’on a à la main.

 

 

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